Gilles, ajusteur

Gilles est ajusteur : avec lui, rien ne se jette, tout se transforme. Il est capable de tout réparer en créant lui-même des pièces qui n'existent plus, ou de détourner l'usage des machines — et si les outils lui manquent, il les fabrique aussi ! Un travail de précision, de l'ordre du centième de millimètre, dans lequel être maniaque est sa plus grande qualité.

— Réalisation : Clément Boxebeld, Julia Mourri | Montage : Anna Brunstein

Publié le :
10/6/2024

"Je vous préviens, je suis très maniaque", nous dit fièrement Gilles alors qu'il ouvre son armoire à outils avec délicatesse. Les étagères se déploient, chaque outil repose dans un petit écrin pour éviter qu'il ne s'abîme. Ce meuble, qu'il a conçu lui-même, lui permet de ranger des outils, fabriqués aussi par lui.

Ces outils lui permettront de créer, jusqu'au centième de millimètre près, toutes les pièces métalliques qu'il souhaite. Ces pièces feront tourner des machines sorties tout droit de son imagination, ou de réparer celles trouvées en déchetterie. Gilles est ajusteur, et nous commençons à comprendre que lorsqu'on est ajusteur, on peut plus ou moins fabriquer tout ce qu'on veut.


Le métier a longtemps été associé aux entreprises automobiles. Les artisans, alignés, produisaient des pièces avec une précision chronométrée. Aujourd'hui, malgré la concurrence des machines, Gilles est persuadé que le rôle de l'ajusteur reste crucial. Lorsqu'une machine échoue, Gilles et ses doigts agiles (il nous souffle la blague) prennent le relais, réalisant des tâches impossibles pour les équipements les plus avancés. "Les machines tombent parfois en panne et plutôt que de les mettre au rebut, on sollicite un ajusteur, explique Gilles. Parfois donc, l'ajusteur est le sauveur !"

Recycler, adapter, transformer

S'il passe son temps libre à détourner des objets ou à fabriquer de nouvelles inventions — le temps nous manque pour faire le tour de toutes les créations de sa maison, plus ingénieuses les unes que les autres — Gilles s'est fait un devoir de transmettre son savoir-faire. "Il n'y a rien de plus terrible que les gens qui gardent leur savoir-faire pour eux", dit-il. Alors, tous les mercredis, il initie un enfant au métier.


Peu importe leurs ambitions pour l'avenir, Gilles a la conviction que tenir les outils en main leur servira toute leur vie. Avec Héléna, 12 ans, qui veut devenir ingénieure, il compare son travail à celui d'une imprimante 3D, utilisant l'acier comme matériau."Tu pourras dire plus tard : 'Quand j'étais jeune, j'étais à l'établi, je sais ce que c'est de scier et de percer.' Et ça, ça apporte de la reconnaissance."

Une transmission nécessaire à une époque où l'on cherche à réparer plutôt que jeter. "C'est ce que j'aime, me creuser la tête pour réparer plutôt que d'acheter une pièce neuve, dit-t-il. Donner un nouvel élan aux objets du passé..." Pour que l'ajustage redevienne un métier d'avenir.

— Texte et photos : Julia Mourri, Clément Boxebeld

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