La fleuriste

Fille de fleuristes, Geneviève a grandi dans l'arrière-boutique du magasin familial. À 15 ans, elle quitte l'école pour travailler avec ses parents. 70 ans plus tard, Geneviève continue de transmettre son savoir-faire et le goût de l'exigence à ses enfants.

— Réalisation : Clément Boxebeld, Julia Mourri | Montage : Anna Brunstein

Publié le :
10/11/2022

Baptêmes, mariages, enterrements, la vie défile devant le magasin de fleurs Le Chapelin-Fretz qui fait face à l’église de Saint-Cloud (92). La maternité est dans la rue voisine. "Nous avons une chance inouïe, on est là à toutes les étapes de l’existence des gens", nous dit Geneviève Fretz, les yeux brillants.


Cette fleuriste de 84 ans, pleine d’énergie, est tombée dans le métier petite. En 1944, ses parents et ses tantes se lancent dans l’ouverture d’une boutique de fleurs. Jusqu’alors, les bouquetières vendent des fleurs fraîches sur les halles et les marchés, dans les rues et sur les grands boulevards, mais il y a encore peu de boutiques et la famille Le Chapelin apprend le métier à mesure qu’il s’invente. Au même moment, la première formation CAP de fleuriste en apprentissage ouvre à Paris. Puis le marché des fleuristes évolue avec l'arrivée de grandes marques et franchises comme le réseau Interflora, créé en 1946 — que rejoint la famille Le Chapelin.

Le goût de l'exigence


Geneviève a quitté l’école à 15 ans pour travailler avec ses parents. Elle se souvient de l’époque où le marché de Rungis n’existait pas. Son père prenait alors le train pour acheter des fleurs aux Halles de Paris, qu’il ramenait dans de grandes bâches. Le choix était limité : glaïeuls, roses, œillets. C’est peut-être pour cela que Geneviève s’émerveille toujours devant les fleurs qui ont "du caractère" : la tulipe, qu’on ne voit pas toute l’année, le lys, nettement moins parfumé qu'avant, l’anémone, délaissée un temps, l’alstroemeria, dont le cœur fait penser à une abeille qui butine.

Talonnée par Luciole, sa petite chienne, les cheveux blancs de la fleuriste se perdent et réapparaissent au milieu des couleurs foisonnantes du magasin. Dans la lignée de ses parents, Geneviève a élevé ses deux enfants dans l’arrière-boutique. Elle leur a transmis, ainsi qu'aux élèves de l’École des fleuristes de Paris, où elle a enseigné, le goût de l’exigence : l’exigence envers les autres, mais envers soi-même avant tout. "Je suis une emmerdeuse", chuchote-t-elle.

Chouchouter les fleurs


Les affaires, nous dit-elle, ne vont pas fort, et la crise sanitaire n’a rien arrangé. Geneviève a en tête l’annonce du confinement et les centaines de fleurs qui ont été jetées. La reprise a été calme. Mais la mère vient tous les jours aider sa fille. "Une fois que t’as fait ton linge et ta vaisselle, c’est bon, hein ! J’aime mieux être ici. Parler aux gens, ça vous maintient, ça vous oblige à faire travailler le cerveau." Mais c’est aussi pour les fleurs qu’elle est présente. "Elles ont toujours besoin d’un coup de main, d’un coup de soleil… d’être chouchoutées."

— Texte : Julia Mourri, Photos : Clément Boxebeld, Julia Mourri

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